L'Actrice

L'Actrice

Éditions Hurtubise | 2004

L'Actrice

L'Actrice

Éditions Hurtubise
2004

Récit
352 pages
Dimensions : 15,24 x 22,86 cm

PAPIER ISBN 978-2-89428-732-3
NUMÉRIQUE – EPUB  ISBN non disponible
NUMÉRIQUE – PDF  ISBN non disponible

Paru en 2004
Éditions Hurtubise

Ce récit débordant de vie relate le destin d’une actrice qui écrit. À travers les trois parties de ce roman – le scénario de Jeanne Janvier, la vie de Jeanne D’Arcy et la vieillesse de l’actrice qui devient écrivaine –, Louise Portal, alias Jeanne D’Arcy, joue sa vie et entremêle le réel et l’imaginaire, qu’elle laisse aller jusqu’au fantasme. Que ce soit au Québec, au Mexique, en France ou en Belgique, Jeanne écrit son scénario et se fait du cinéma. L’histoire laisse place à un véritable ciné-roman où le personnage, accompagné de la vraie Jeanne Janvier et de la fictive Jeanne Moreau, cherche sans cesse l’amour, la vérité et le père, encore et toujours, dans l’image ou dans le mot. Cette œuvre émouvante, tant par les confidences que par les réflexions sur la vie d’une grande artiste, raconte l’histoire qui se cachait derrière les autres.

Je m’amusais à porter les vêtements de ma mère pour jouer à «la madame». Coiffée de chapeaux et chaussée de souliers à talons qui, je me rappelle, faisaient «cloc, cloc» quand je traversais le salon du haut de mes quatre ans, je me sentais libre et fière ainsi fagotée de la tête aux pieds. Mais c’est véritablement à l’adolescence qu’avait pris forme mon rêve d’être une actrice un jour. Dans de grands cahiers, je collectionnais les photos des personnages que je voulais incarner : Mata-Hari, Marie-Madeleine, Blanche-Neige, ainsi que les photos des actrices qui me fascinaient par leur beauté et leur singularité. Il y avait Marilyn Monroe, Claudia Cardinal, Brigitte Bardot et . JEANNE MOREAU. Au fil des années, d’autres têtes d’affiche s’étaient succédées dans mes cahiers. De nouveaux visages étaient apparus sur les écrans, des carrières et des rêves avaient été portés aux nues puis avortés. Ma favorite était toujours demeurée la grande Jeanne ».

Au cours de toutes ces années, je lui avais consacré une place privilégiée dans les pages de mes cahiers. Fascinée, j’avais observé la sublime actrice vieillir sur les couvertures des magazines. À dix-huit ans comme à quarante, puis à cinquante, à soixante et encore aujourd’hui, elle n’a rien perdu de sa grâce, de sa noblesse, de son charme et de sa sensualité. Jeanne Moreau a finalement atteint l’âge où il n’y a plus d’autres traces que celles de la véritable beauté. De la vérité.

Pendant des années, j’ai dessiné mes lèvres comme celle qui représentait à mes yeux non seulement la femme, mais l’actrice. Je voulais devenir comme elle. Laisser une trace de ma présence, comme un parfum délicat. Mystérieux. Incarner une beauté vibrante. Faire mille et une choses. Comme Jeanne. Jouer, chanter, écrire. Aimer surtout. Jeanne avait inspiré. Jeanne.

Car la vie, par un curieux hasard, m’avait dotée du même prénom : celui de Jeanne. J’étais finalement devenue une actrice et depuis plus de cinquante ans, ma vie se confondait avec celle de mes personnages.